Cette peinture illustre un moment clé de l’histoire suisse sous l’occupation française : le rassemblement des conscrits par un sous-officier recruteur. Entre 1803 et 1813, la Suisse est un protectorat français sans grand pouvoir décisionnel. Son industrie est alors durement touchée par les effets du blocus continental et par le fait que le pays doit fournir quatre régiments à la Grande Armée, soit 16 000 hommes.
À partir de 1813, des armées étrangères à la poursuite des armées françaises traversent à plusieurs reprises le pays ce qui entraîne la famine parmi la population. L’armée suisse envoie alors plus de 24 000 hommes dans le pays de Gex, ce qui marque le dernier engagement des troupes suisses à l’étranger.

Toepffer traita plusieurs fois ce sujet mais avec des compositions légèrement différentes : nous connaissons deux versions conservées dans des collections particulières en Suisse (voir opus cité supra, n°LBP 127 et n°LBP 129, reproduits), et la version du musée d’art et d’histoire de Genève. En comparaison de ces versions, la nôtre est plus complète avec un second groupe en arrière-plan et un groupe supplémentaire à droite. Une gravure de 1814 reprend cette composition à l’exception du groupe de droite.

Nous connaissons une esquisse de notre tableau (voir opus cité supra, n°LBC 68, reproduit).
Le sujet de celui-ci est décrit dans le catalogue de la collection de James Audéoud, un ami de l’artiste, qui possédait une autre version aujourd’hui conservée au musée d’art et d’histoire de Genève (voir opus cité supra, n°LBP 128, reproduit) :
« A la fin des guerres de la République française, on fut forcé de recruter tous les hommes en état de porter les armes, pour remplir les vides des armées. Ce tableau représente une scène de cette époque. Un sous-officier instructeur vient de faire mettre en ligne un rassemblement de conscrits […] ».

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