Fiche descriptive
Provenance :
Collection Jacques Lehideux (cette version, ou son modello ?), Paris, en 1927 ;
Collection Jean-Frédéric Perrégaux fils vers 1840/50 ;
Chez Maurice Segoura, Paris.
Exposition :
Salon de 1808, Paris, n° 572 « Salle de billard où figurent différents personnages ».
Bibliographie :
Bibliothèque nationale, Cabinet des Estampes, Collection Deloynes, t. 43, n° 1136 ; t. 44, n° 1144 (signée A.P.), n° 1148 ;
Boutard, « Salon de 1808 », N. VII, Journal des Débats 13 novembre 1808 ;
A. d’Escragnolle Taunay, Documents sur la vie et les œuvres de Nicolas Antoine Taunay, Rio de Janeiro, 1912, p. 89 ;
O. Rodrigues, Taunay e a Escola Nacional de Bellas Artes, Rio de Janeiro 1929, p. 182 ;
A. Girodie, Un peintre de fêtes galantes : J.-F Schall, Strasbourg, 1927, n° 17 ;
C. Lebrun Jouve, Nicolas Antoine Taunay, Paris, 2003, n°P.545, reproduit.
E. Bréton, P. Zuber, Boilly, le peintre de la société parisienne de Louis XVI à Louis-Philippe, vol. I, Paris, 2019, p. 69, reproduit p.67, fig. 22.
La scène se déroule dans une salle de billard. Autour de la table, plusieurs joueurs sont rassemblés, tandis qu’à l’arrière-plan, trois hommes se voient refuser l’accès. Un autre tente de pénétrer dans la pièce par une porte entrouverte, surveillée par un chien attentif.
L’élément le plus remarquable réside dans le subtil jeu de lumière : celle-ci sculpte avec finesse les silhouettes et met en relief certains personnages, baignés de clarté et placés au cœur de la composition.
Notre tableau fut exposé au Salon de 1808 où le critique Jean-Baptiste-Bon Boutard écrivit à son sujet : « la scène parfaitement conçue : les figures, encore un peu grandes pour les crayons de l’auteur, mais d’un bon caractère et d’un mouvement vrai […] ce petit tableau très joli et d’un effet piquant ». Il souligne également la portée morale de la scène, évoquée par la statue de Victoire tenant une bourse, élément absent du tableau de Boilly représentant le même sujet, présenté au même Salon sous le numéro 53. Notre tableau se distingue par une composition davantage narrative et chaleureuse, où la lumière sculpte les figures et dynamise la scène. En comparaison, le tableau de Boilly, présenté au même Salon, réunit hommes et femmes dans un intérieur à l’atmosphère plus feutrée, éclairé par un simple puits de lumière, offrant un rendu plus intimiste.
Le billard est devenu une des distractions les plus en vogue sous l’Empire, à Paris l’engouement pour ce jeu grossit, la bourgeoisie et la classe moyenne en quête de distraction fréquentent de plus en plus les salles de jeux et les cercles privés. Avant la Révolution, Vivant Denon affirme qu’il existe à Paris d’innombrables salles de billard, des « académies » qui étaient peuplées de jour comme de nuit, par des habitués. Les règles n’étaient pas celles que nous connaissons aujourd’hui et le jeu combinait hasard et stratégie.
Un modello est conservé à New York au Metropolitan Museum (panneau, 16,9 x 22 cm, voir C. Lebrun Jouve, opus cité supra, n°P.546, reproduit). Taunay réalisait souvent des modelli qu’il gardait dans son atelier pour proposer différentes compositions à ses clients. Dans la Gazette des Beaux-arts de 1860 Bürger s’exclama à propos du modello : « Ah que c’est français ! De l’élégance, du caprice, de l’adresse, du goût ; beaucoup de charme et beaucoup d’esprit : on sent tout de suite qu’on est en France ».
Notre tableau possède une étiquette au revers qui décrit les personnages représentés : « Ce café était, à la fin du siècle dernier, très fréquenté par les artistes. David est représenté en manteau rouge, Girodet, s’apprête à jouer de la main gauche ; Gros, offre de l’argent à un personnage vu de dos ». Le modello possède une étiquette similaire datant de 1874. Cette identification des figures demeure toutefois hypothétique.
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