Joseph VERNET (Avignon 1714 – Paris 1789)

Le Matin

Toile
97 x 132 cm
Signé et daté en bas à gauche Joseph Vernet / 1753

(Frais acquéreurs judiciaires : 14,28 % TTC)

Prix de vente

500 000 €

Date et lieu de vente

6 juillet 2022 - L’Atelier Richelieu, 60 rue de Richelieu 75002 Paris

Fiche descriptive

Provenance :
Collection Ralph Howard, Shelton Abbey, Irlande ;
Vente comte de Wicklow, Shelton Abbey, Arklow (Me Allen, Townsend, Clarke Delahunt), 16 octobre – 3 novembre 1950, n°1647 ;
Vente anonyme, Londres, Sotheby’s, 20 juin 1951, n°66, reproduit ;
Chez Cailleux, Paris ;
Vente anonyme, Paris, Drouot Montaigne (Mes Ader, Picard et Tajan), 22 novembre 1987, n°33, reproduit.

Bibliographie :
L. Lagrange, Joseph Vernet et la peinture au XVIIIe siècle, Paris, 1864, n° C. 129 ;
F. Ingersoll-Smouse, Joseph Vernet, Paris, 1926, vol. 1, sous le n°393-396 ;
Catalogue de l’exposition Le siècle de Louis XV : peinture française de 1710-1774, Toledo, Chicago, Ottawa, 1975-1976, cité sous le n°111 (notice de Pierre Rosenberg) ;
Catalogue de l’exposition Claude-Joseph Vernet, Kenwood, 1976, cité sous le n°49 (notice de Philip Conisbee).

Notre tableau est un des premiers tableaux que Vernet peint à son retour en France, à Marseille ou à Aix, en 1753.
Il fait partie d’une commande de cinq tableaux passée par Ralph Howard (1726 – 1786) en 1752. En 1751, comme tout noble britannique, il décide de faire le Grand Tour et part en Italie où il visite d’abord Turin, Florence et Rome qu’il quitte en 1752 avant de se rendre à Venise et à Milan. A son retour, Ralph Howard devient un politicien irlandais. Il est élu en 1761 député du comté de Wicklow avant d’être nommé au Conseil privé d’Irlande en mai 1770. Il devient baron Clonmore le 12 juillet 1776, ainsi que vicomte Wicklow en juin 1785.
Grand mécène auprès de peintres anglais principalement mais aussi auprès de peintre italiens et étrangers installés à Rome, il fait appel à James Russel comme intermédiaire pour suivre ses commandes. Parmi les artistes qu’il sollicite, nous pouvons citer Joshua Reynolds, Richard Wilson ou encore Pompeo Batoni qui peint son portrait en 1752 (aujourd’hui conservé au J. B. Speed Art Museum, Louisville, voir A. M. Clark, Pompeo Batoni, Oxford, 1985, n°165, reproduit pl. 155). C’est à Rome qu’il demande à Joseph Vernet une Vue de Tivoli ainsi que la série des Quatre parties du jour : Le matin, Le soir (conservé au Toledo Museum of Art), Le midi et La nuit (aujourd’hui disparus et qui ne figuraient pas dans la vente de Shelton Abbey).
Joseph Vernet s’installe en Italie en 1734, il s’établit à Rome et voyage régulièrement dans le pays, notamment à Naples où il trouve l’inspiration pour ses nombreuses marines. Son mariage avec Virginia Parker en 1745 lui permet, par l’intermédiaire de son beau-père Mark Parker, de travailler régulièrement pour une clientèle britannique présente en Italie dans le cadre du Grand Tour. Vernet reste à Rome jusqu’en 1753 avant de rentrer en France pour commencer à travailler sur la série des Vues des ports de France que lui commande Louis XV. Cette série de quinze tableaux représente les ports de Marseille, Bandol, Toulon, Antibes, Sète, Bordeaux, Bayonne, La Rochelle, Rochefort et Dieppe. Il commence cette série par la représentation du port de Marseille et profite de son séjour dans le Sud de la France pour peindre la série des Quatre parties du jour en avril 1753 d’après les documents conservés par le comte de Wicklow (voir P. Conisbee, opus cite supra). Vernet est en 1753 au sommet de son talent et de sa célébrité, il est un peintre obligé du Grand Tour et seule une commande formidable du roi de France a pu lui faire quitter Rome.
On renverra pour finir au commentaire qu’a fait Pierre Rosenberg sur L’Après-Midi du Toledo Museum of Art qui est le pendant de notre tableau lorsqu’il fut exposé en 1976 à Ottawa : « il est un de ces magnifiques exercices de pure imagination, sans lien direct avec aucun site connu, à la Claude, où les reflets du soleil couchant sur la mer et dans les voilures des navires sont rendus avec une justesse d’observation qui confond. Vernet joue du contraste entre le premier plan avec les silhouettes des pêcheurs à contre-jour et l’immense étendue d’une mer et d’un ciel qui se mêlent comme chez les maîtres hollandais des siècles précédents ».