Fils d’un peintre et restaurateur d’art, Boldini se forme à Ferrare, entouré d’autres peintres de la région. En 1862, portraitiste déjà renommé, il s’installe à Florence, s’inscrit à l’Accademia di Belle Arti. Il entre alors en contact avec le groupe des Macchiaioli influencés par les impressionnistes qui rejettent l’académisme et préconisent l’immédiateté. En 1867, il va à Paris voir l’Exposition universelle et fait la connaissance d’Edgar Degas, Alfred Sisley, Gustave Caillebotte, ou encore Camille Corot qui l’inspire.
En 1869, il se rend à Londres, où il étudie les grands portraitistes anglais, tel Thomas Gainsborough, exécute de nombreux portraits de dames de haut rang, qui lui valent ses premiers succès mondains, et obtient de nombreuses commandes.

Ce tableau date du début du XXe siècle et représente une charmante et élégante jeune femme
assise dans un intérieur ; intérieur que l’on reconnaît être l’atelier de l’artiste du fait de la présence de la bergère – plusieurs fois représenté par le maître de Ferrare – et le piano droit massif avec lequel Boldini se divertit souvent seul ou entre amis, étant un pianiste émérite et un passionné de musique. Le présent tableau est une première idée forte et vibrante pour un portrait à développer dans un même format – ce sont les mesures de « Portrait de femme à l’ombrelle fleurie » (voir PIERO DINI-FRANCESCA DINI, « Giovanni Boldini (1842-1931). Catalogue Raisonné », Allemandi, Turin 2002, tome III, tome ll, n’768) – ou dans un format plus grand. Tout autour de la femme les coups de pinceau s’élancent, dynamiques et soulignent le moment de la pose, improvisé et fugace, car ici l’idée de la féminité que le maître italien célèbre et exalte est celle de la femme moderne et dynamique. Le choix d’une gamme chromatique réduite, composée de coups de pinceau mordorés, noirs profonds, quelques éclats nacrés, exprime toute l’extraordinaire modernité de la vision de Boldini.