Né à Amersfoort à une quarantaine de kilomètres d’Utrecht, ville essentiellement catholique, Garpard van Wittel se rendit à Rome en 1674. Il ne quitta plus jamais l’Italie. Son arrivée à Naples est mentionnée par Pascoli en 1699. Il y arrive à l’invitation du vice – roi Don Luis de la Cerda, duc de Medinacelli. Celui avait été nommé vice – roi en 1695, mais il avait connu van Wittel à Rome où il avait séjourné en qualité d’ambassadeur du roi d’Espagne auprès du pape Innocent XII. Van Wittel fit de nombreux séjours dans la ville partonopéenne et son sujet de prédilection a été la Darsena.

La Darsena des galères a été inaugurée le 25 juillet 1658 à la demande du vice – roi Don Pedro d’Aragon. Il s’agissait d’un nouveau bassin de 95 x 120 m, profond de 5 m et avec une embouchure de 11 mètres, qui devait servir de bassin à toutes les galères et petits voiliers. C’est un des motifs qui a le plus intéressé van Wittel et par sa largeur topographique et par les nombreux motifs pittoresques de personnages et de bateaux. La première version est de 1699 (toile, 55 x 108 cm – collection privée (voir cat.expo Gaspare Vanvitelli e le origini del vedutismo, Rome et Venise, 2003, n° 66, reproduit).
La dernière version est de 1722, (Holkham Hall, comte de Leicester, daté 1722 (voir G. Briganti, Gaspar van Wittel, Milan, 1996, n° 359, reproduit). Entre ces deux dates, van Wittel traita le sujet plus d’une dizaine de fois sur toile et sur carton. On connait une autre version sur cuivre (45 x 98 cm), probablement 1701, conservée dans une collection londonienne voir (G. Briganti, op cité supra, n° 246, reproduit).

La disposition varie légèrement selon les versions On reconnait essentiellement la tour de Saint Vincent, le quai du Palais royal avec le Cassina spagnola ou palais du majordome, le palais royal, à droite le Castelnuovo. Il est probable que van Wittel a réalisé de nombreux dessins sur ce motif qui lui ont servi dans sa carrière. En 1712, année de notre tableau van Wittel est essentiellement à Rome où il s’occupe de la fête de San Luca.
Par sa belle luminosité et le champ de ces détails pittoresques, (les petits moines près de la chaise à porteurs, les marchands près des bateaux à gauche et cet unicum qu’est le navire vénitien à gauche de la composition), notre tableau s’inscrit parmi les meilleures versions du sujet.