Fiche descriptive
Provenance :
Collection de Hugues Bernard Maret, 1er duc de Bassano jusqu’en 1839 ;
Collection de son fils Napoléon Joseph Hugues Maret, 2ème duc de Bassano, jusqu’en 1898 ;
Collection Napoléon Hugues Marie Maret, 3ème duc de Bassano, jusqu’en 1906 ;
Toujours resté dans la famille du modèle.
Bibliographie :
H. Gérard, Liste des portraits recensés en 1847 – 1886, reprinté in X. Salmon, catalogue de l’exposition Peintre des rois, roi des peintres – François Gérard portraitiste, Fontainebleau – Paris, 2014, p. 231.
Marie – Madeleine Maret (Dijon 1780 – Paris 1827) était la fille de Martin Lejéas, maire de Dijon, et de Philiberte Naigeon. Elle épousa en 1801 Hugues Bernard Maret (1763 – 1839), son cousin, originaire de Dijon également, avocat au parlement de Bourgogne au début de sa carrière, et venu à Paris en 1788.
Le baron Ernouf a publié en 1878 à Paris une biographie, Maret, duc de Bassano, mettant en lumière le rôle de cet important serviteur de l’Empire. Jacobin, très actif sous la Révolution, il a été un des fondateurs du club des Feuillants. Envoyé en mission à Londres, puis ambassadeur à Naples en 1793, il est arrêté par les Autrichiens en juillet 1793, alors qu’il traversait la Suisse pour se rendre à Naples. Emprisonné durant des mois, il a fait partie des personnes échangées contre Madame Royale en 1795. Il est un des créateurs du journalisme parlementaire. En 1789, il est à l’origine de la publication quotidienne du Bulletin de l’Assemblée Nationale qu’il fusionne avec Le Moniteur en 1790. Il est membre de l’Académie française depuis 1803.
Proche de Napoléon dont il avait l’entière confiance, il l’accompagne dans toutes ses campagnes. Il a occupé plusieurs fois les postes de secrétaire d’état et de ministre. En 1802, il est chef de cabinet du 1er Consul. En 1805, il est un des négociateurs du Traité de paix avec l’Autriche et un des plus fervents partisans du mariage de Napoléon avec Marie – Louise. Il est un des rédacteurs des constitutions du Portugal et de la Hollande. Napoléon créé le titre de duc de Bassano pour lui en 1809, et l’a nommé pair de France en 1815, durant les 100 jours. Exilé en Autriche durant quelques temps à la fin de l’Empire, il est rentré à Paris en 1820 où il a vécu rue Saint Lazare. Il est nommé pair de France une seconde fois en 1831 sous la monarchie de Juillet, poursuivant sa carrière de grand serviteur de l’Etat, président du Conseil des ministres en 1834.
Le Portrait du duc de Bassano peint par Robert Lefèvre en 1807, est entré au Louvre par donation en 2024. Ce tableau est de même provenance que le nôtre.
La duchesse de Bassano a occupé la charge de dame de palais de l’impératrice Joséphine, puis de l’impératrice Marie – Louise. Grande amie de la reine Hortense, elle est une des plus belles femmes de la cour, appréciée pour ses manières exquises et ses réceptions, d’abord à l’Hôtel d’Elbeuf, place du Carrousel, puis à l’Hôtel de Gallifet quand son mari y prit ses fonctions. Le couple a disposé également de deux résidences de campagne, le pavillon de Nandy à Seine – Port et l’hôtel Montalais à Meudon.
Ils ont eu cinq enfants dont l’aîné, Napoléon, a été Grand Chambellan de Napoléon III.
Le portrait de la duchesse de Bassano a été peint par le baron Gérard alors que le duc de Bassano est au sommet de sa carrière politique et que le couple fait partie des personnes les plus en vue de Paris,
En avril 1811, le duc de Bassano nommé ministre des Relations extérieures, a emménagé avec sa famille à l’hôtel Gallifet, rue de Grenelle, alors résidence officielle. Les réceptions qui y sont données suscitent l’admiration des mondains de l’époque.
La construction de l’Hôtel de Gallifet, de style neo – classique, s’est achevée en 1792, peu de temps avant d’être saisi comme bien d’émigrés. Charles François Delacroix, ministre des Relations extérieures et père du peintre, puis Talleyrand de 1797 à 1807, ont précédé le duc de Bassano dans cette demeure.
Madame de Staël, Benjamin Constant ou bien encore Chateaubriand y ont séjourné.
Transformé en appartements à partir de 1821, l’hôtel appartient depuis 1909 à l’ambassade d’Italie et abrite le centre culturel italien.
C’est vraisemblablement dans cet hôtel qu’a été peint notre tableau.
En 1812, la duchesse de Bassano a été peinte deux fois par le baron Gérard, en costume noir et en costume blanc (ce dernier est aujourd’hui non localisé).
Marie Madeleine Maret de Bassano est représentée en pied, appuyée négligemment sur un meuble d’inspiration « égyptienne », selon un style en vogue après l’expédition d’Egypte. Elle joue négligemment avec son châle et la ceinture de sa robe, comme surprise, alors qu’elle fait une pose dans l’arrangement de fleurs posées sur le meuble.
On reconnait dans cette mise en scène, toute l’originalité du baron Gérard qui s’efforce dans les portraits officiels de « gommer « l’aspect artificiel de la pose. Le peintre cherche à rendre le personnage plus naturel en créant une impression « d’instantané », par l’utilisation du décor, l’introduction d’accessoires soigneusement choisis, en mêlant la nonchalance et l’élégance dans l’expression du personnage. Nous pouvons rapprocher notre portrait de celui de Maria Walewska peint par François Gérard la même année, entré par donation au Musée de l’armée (voir op. cité supra, n° 35, reproduit). Les robes des deux modèles si ce ne sont les motifs du bas, sont identiques. La comtesse Walewska a la même expression d’étonnement, surprise au retour d’une promenade.
Notre tableau se démarque des autres portraits du baron Gérard par l’introduction, rare chez cet artiste, de bouquets foisonnants.
1812 correspond à la période où, au sommet de sa carrière, le baron Gérard est pressé de commandes officielles.
Au côté de David, Prud’hon et Gros il est un des portraitistes en vogue sous le 1er Empire, omniprésent à la cour. Sa rapidité d’exécution, l’expression naturelle qu’il cherche toujours à donner à ses portraits posés, font la différence avec ses concurrents.
Durant cette période il peint le portrait d’apparat de Marie – Louise en robe d’impératrice, présenté au Salon de 1812 (voir Op. cité supra, n° 23, reproduit), aujourd’hui à Fontainebleau. Il peint aussi Murat en roi de Naples (collection privée), la comtesse Walewska, dont nous avons parlé plus haut. Il peint également le Portrait de la princesse de Tour et Taxis, conservé à Versailles (voir op. cité supra n° 45, reproduit).
Né à Rome d’un père français au service du cardinal de Bernis, et d’une mère italienne, François Gérard rentre en France en 1780. Deux ans plus tard, il commence sa formation de peintre, d’abord dans l’atelier de Pajou, puis dans ceux de Brenet et de David. Ce dernier, qui sera son protecteur sous la Révolution, reste son grand modèle.
François Gérard remporte un beau succès au Salon de 1796 avec le Portrait d’Isabey et de sa fille, aujourd’hui au Louvre (voir op. cité supra, n° 6, reproduit). Il consacre désormais l’essentiel de sa carrière à l’art du portrait.
Dès 1800, il reçoit les premières commandes officielles de la famille Bonaparte avec le portrait de Maria Letizia Ramolino, mère de l’empereur, conservé à la Malmaison, et celui de Joséphine (Musée de l’Ermitage, Saint Petersbourg). Devenu un des portraitistes du 1er Empire, accédant rapidement à une notoriété internationale, travaillant pour diverses familles européennes,
François Gérard a la capacité de répondre aux nombreuses commandes. Au Salon de 1808, il n’expose pas moins de six portraits en pieds. A celui de 1810, ce sera six tableaux monumentaux sans compter les portraits en buste.
La critique contemporaine a bien entendu remarqué chez François Gérard l’influence des grands- maîtres : van Dyck pour les dimensions, les mises en scène, les poses grandioses. Et aussi les grands portraitistes du XVIIIème siècle, Vigée – Lebrun… et surtout Maurice Quentin de La Tour pour la délicatesse des expressions. S’il reste marqué par la sobriété de la mise en page de son professeur David, il s’éloigne quelque peu de ce modèle par la réintroduction des accessoires en un assemblage harmonieux qui deviendra une de ses caractéristiques.
Sa technique très maîtrisée lui permet de conserver par exemple, la ressemblance des traits du visage avec le modèle tout en « sublimant » la réalité.
Gérard est influencé aussi par le portrait anglais. Il connait l’œuvre de Reynolds à travers la peinture de Romney, Lawrence ou Cosway, exposés à Paris, ou bien diffusés par la gravure. Il s’en inspire lorsqu’il introduit un fond de paysage, visible par une fenêtre ouverte, un ciel mouvant, des effets du vent dans les vêtements.
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Une réplique de notre portrait, de petite dimension (30 x 19 cm), est conservée au château de Versailles. La réplique de La duchesse de Bassano costumé blanc est également conservée à Versailles (voir C. Constans, Musée National du Château de Versailles, Les peintures, vol. I, Paris, 1995, n°s 2114 et 2115, reproduits). Ces deux portraits figuraient dans la vente du baron Gérard du 27 – 29 avril 1837. (Acquis par l’état).
Notre tableau a été gravé par Pierre Michel Adam
Une miniature montée sur une boite en or, représentant la duchesse de Bassano par Jean – Baptiste Isabey, est passée en vente à Fontainebleau, le 21 mars 2021, (Me Osenat,
n° 128, reproduit).
Une autre miniature, sur émail, de Jean – Baptiste Isabey fait partie des collections du musée Cognacq – Jay de Paris.
Le titre de duc de Bassano s’est éteint en 1906, avec la mort du 3ème duc, Napoléon Hugues,
petit – fils d’Hugues Bernard Maret.
Nous remercions Monsieur Alain Latreille d’avoir bien voulu confirmer l’attribution de notre tableau.
Maison de vente
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