Ecole TROYENNE vers 1520, entourage de Grégoire GUERARD
Triptyque avec La Flagellation, Le Christ aux anges, La Résurrection
Trois panneaux de chêne, trois planches, non parquetés, dans un même montage
63,5 x 50 cm chacun
83,5 x 193 cm l’ensemble
Inscription en bas au centre du panneau central L’hôme partant
Cachet de cire au revers J.A
Fente au panneau
Estimation
Date et lieu de vente
Fiche descriptive
Provenance :
Eglise Saint-Etienne de Troyes (selon l’exposition de 1864) ;
Collection Julien Gréau ;
Collection H. Gréau en 1939 ;
Vente Gréau, Paris, Hôtel Drouot (Mes Walther et Ader), 25 février 1939, n°27, reproduit (comme école de Bernard van Orley, proviendrait de Troyes et aurait constitué le retable dit des Jacobins).
Exposition :
Objets d’art anciens et œuvres de peinture, de dessin, de sculpture, exposés à l’Evêché et au musée de Troyes, Troyes, musée, 1864, n°306.
Bibliographie :
Catalogue des objets d’art anciens et des œuvres de peinture, de dessin, de sculpture, exposés à l’Evêché et au Musée, Troyes, 1864, n°306 (L’homme parfait).
La peinture troyenne constitue une école à part entière, étroitement liée à la fois aux dynasties de peintres locaux – parmi lesquelles les Cordonnier occupent une place de premier plan – et à l’art du vitrail, particulièrement florissant à Troyes à la Renaissance. Le premier tiers du XVIe siècle est marqué par l’activité de deux maîtres aujourd’hui identifiés : le Maître de Clairvaux et le Maître de la Légende de la Santa Casa. Leur production se distingue par une réinterprétation originale des modèles flamands et hollandais, adaptée au goût et aux commanditaires champenois.
Notre tableau est à situer à cette époque ; son style, proche de Grégoire Guérard et du Maître de Clairvaux va dans le sens d’une production troyenne influencée par les modèles nordiques. Rappelons que le Maître de Clairvaux suit l’inspiration de peintres tels que Gérard David ou Jan Joest.
Plusieurs figures de notre triptyque sont à rapprocher d’œuvres de Grégoire Guérard telles que la Résurrection conservée en collection privée (voir F. Elsig, Grégoire Guérard, Milan, 2017, reproduit fig.101), ou encore l’Assomption de la Vierge du musée de Vauluisant de Troyes (voir opus cité supra, reproduit pl. 11).
Par ailleurs, la morphologie élancée des personnages et le traitement minutieux des éléments de décor — en particulier le rocher situé au centre de La Résurrection — s’inscrivent dans une esthétique proche de celle du Maître de Saint-Rémy, dont l’Ascension conservée à l’église Saint-Rémy de Troyes constitue un exemple particulièrement significatif (voir Peindre à Troyes au XVIe siècle, sous la direction de F. Elsig, Milan, 2015, reproduit fig. 140). L’inscription gothique, ainsi que les vêtements des soldats renforcent l’idée d’une datation vers 1520-1530 : les manches à crevés étaient très répandues à cette période en Europe de l’Ouest, sous l’influence germanique. Cette influence peut être expliquée par une implantation germanique prolongée à Troyes grâce aux foires de Champagne qui accueillaient des marchands étrangers majoritairement allemands.
Le triptyque était probablement un Antependium (devant d’autel) qui ornait l’autel de l’église Saint-Etienne de Troyes selon l’exposition de 1864 au musée de Troyes. A cette exposition la majeure partie des prêts provenaient de la même collection : celle de Julien Gréau. Elle fut décrite à cette occasion par Alfred Darcel : « Cette collection est presque un musée, car toutes les branches et toutes les époques de l’art y sont représentées, depuis les Egyptiens jusqu’à nous […] la peinture embrasse depuis les fragments arrachés aux murs de Pompéi jusqu’aux œuvres du XVIIIe siècle » (voir A. Darcel, « Troyes et ses expositions d’art », in Gazette des Beaux-Arts, n°17, 1864 p. 338).
Né à Troyes en 1810 d’une riche famille de Champagne, Julien Gréau était un industriel mais avant tout un grand collectionneur et passionné de l’Antiquité et de l’art du Moyen Âge. Il constitua plusieurs collections au cours de sa vie, dispersant chacune pour pouvoir se porter sur un nouveau centre d’intérêt. La partie la plus importante de sa collection concernait la verrerie, l’émaillerie et la poterie antiques, constituée de cinq mille pièces. Ses médailles grecques, gauloises et françaises furent vendues en 1867, puis ses médailles romaines en 1869, ses bronzes antiques en 1885, et enfin ses terres cuites grecques en 1891 (ces dernières achetées en grand nombre par le Louvre).
Maison de vente
HÔTEL DES VENTES DU MARAIS
62, rue des Docteurs Henri et Bernard Muller
42007 Saint-Étienne Cedex 1
Tel : +33 (0)4 77 32 53 12
E-mail : contact@hdvmarais.fr
