Ecole d’AMERIQUE du SUD (Bolivie – Pérou) du début du XIXème siècle

Portrait des Empereurs Incas et Portrait de Francisco Pizarro

Douze toiles, sur leurs toiles d’origine

25 x 18 cm

Prix de vente

210 000 €

Date et lieu de vente

7 juin 2021

Fiche descriptive

Les onze portraits des rois incas représentent les rois de Cuzco ayant régné de 1226 à 1533, date du décès de Huascar Inca XIII, lié à l’arrivée des espagnols au Pérou, dernier empereur de l’Empire Inca indépendant.

Les années d’existence et de règne de Manco Cápac, premier roi de Cuzco, font l’objet de doutes et de débats entre les historiens, presque autant que savoir s’il est un personnage historique ou mythique. Les dates que donnent les diverses études varient même de plusieurs siècles. Selon Cabello Balboa (en 1586), Manco Cápac régna entre 945 et 1006, pendant 61 ans. D’autres sources évoquent 41 ans de règne, entre 1021 et 1062. Selon d’autres historiens, il régna pendant 28 ans, entre 1150 et 1178. Les dates les plus tardives parlent de 30 années de règne entre 1226 et 1256. Si les premiers récits et traces des premiers rois Incas restent flous, leur descendance est plus certaine et détaillée.

C’est en même temps que l’arrivée des colons au Pérou au XVIème siècle que la peinture sur toile est apparue, et a rapidement été utilisée comme un puissant instrument de l’évangélisation du peuple indien dans ce qui deviendra le Vice Royaume du Pérou. Les espagnols fondent la ville de San Miguel de Piura le 15 août de 1532, la première ville espagnole fondée au Pérou. En 1542, l’Espagne créa la Vice-royauté de Nouvelle-Castille, qui peu de temps après fut reconnue comme la Vice-royauté du Pérou. Elle s’organisa grâce à l’arrivée du vice-roi Francisco de Toledo en 1572. La Vice-royauté du Pérou fut gouvernée par quarante vice-rois, depuis 1542 jusqu’en 1821.

C’est dans ce cadre que les portraits des rois et les racines incas se représentent et s’imposent au début du XVIIIème siècle. A Lima, centre du Pouvoir politique, la renaissance inca exprime les aspirations de l’élite indigène résidant dans la capitale. Sa manifestation plastique la plus importante est la représentation généalogique des incas, suivie de manière harmonieuse par celle des rois espagnols.

Les rivalités entre la noblesse espagnole et la noblesse indienne amenèrent cette dernière à commander des toiles représentant leurs ancêtres royaux incas, en pied ou en buste, de Manco Capac et de ses épouses Mama Huaco et Mama Ocllo, jusqu’à Atahualpa. Rapidement furent ajoutés à la série des rois incas les rois espagnols afin de bien montrer que ceux-ci étaient les successeurs des premiers. (Voir Musée Pedro de Osma) Les portraits des rois de Cuzco constituent un ensemble d’images et symboles exprimant l’attente de la reconstruction de l’ancien ordre, latente chez une grande partie de la population indigène dès la fin du XVIIème siècle.

La composition regroupant les bustes des incas sur un même plan et en ordre chronologique, trouve son origine sous la forme d’une gravure dont le concepteur est un ecclésiastique créole liménien Alonso de la Cueva Ponce de León, membre de l’Oratoire de Saint Philippe Neri. Cette gravure créée entre 1724 et 1728 présente les rois de Cuzco chargés du gouvernement de ces terres.

La partie supérieure de sa gravure est occupée par les éléments suivants : au centre, une représentation du Christ-Roi flanquée de deux blasons, l’un correspondant à l’Espagne et l’autre, au Tawantinsuyu ; plus à l’extérieur, un texte comprenant un titre, EFIGIES DE LOS INGAS, O REYS del PERV con su Origen y Serie Y de los Catholicos Reyes de Castilla y de Leon, une évocation des quatre âges du Pérou pré-incaïque et des considérations générales sur les Incas ; plus à l’extérieur encore, deux portraits en pied, celui de Manqu Qhapaq, fondateur de la dynastie inca, et de Mama Waqu, son épouse. Au-dessous figurent vingt-et-un portraits qui sont ceux des souverains péruviens postérieurs à Manqu Qhapaq, indigènes jusqu’à Ataw Wallpa puis espagnols à partir de Charles Quint, le dernier de la série étant celui de Philippe V.

Sous chaque cadre figure un cartouche comportant le nom du monarque et un court commentaire.

La composition ainsi créée a été reproduite sur toile, et c’est peu avant, et après l’indépendance du Pérou, en 1821 – et l’effondrement définitif du régime colonial – que les peintres Cuzquéniens modifient radicalement ce programme iconographique, éliminant tant les monarques espagnols que le Christ et les symboles religieux, afin de proclamer le retour idéal de l’empire des incas, et insister sur l’origine autochtone avant l’arrivée des espagnols.

 

Manco-Cápac Inca I°.

Manco Cápac (en quechua Manqu Qhapaq) ou Ayar Manco est le premier empereur du peuple Inca à Cuzco. Il est le principal protagoniste des deux légendes les plus connues sur l’origine des Incas : la Légende de Manco Cápac et Mama Ocllo et la Légende des frères Ayar.

S’il est mentionné dans les chroniques et est le point de départ pour expliquer historiquement l’origine des Incas, son existence reste encore de nos jours un mystère.

Mama-Ocllo Huacco Ia. Ccoya

Mama Occlo est la femme et la sœur de Manco Capac dans la mythologie inca, et a découvert Cuzco avec lui. Elle est la déesse mère, et déesse de la fertilité.

Sinche-Rocca Inca II

Fils aîné de Manco Cápac et de Mama Ocllo, Sinchi Roca est né dans la région de Tampuquiro, au sud de Cuzco.

Il aurait promu l’agriculture par irrigation, aménagé des terrasses et fait transporter de grandes quantités de terre arable pour améliorer les cultures de la vallée de Cuzco.

Il aurait créé une division territoriale de ses domaines, et serait l’initiateur du premier recensement de la population de l’empire inca.

Lloqque-Yupanqui Inca III

Lloque Yupanqui est le troisième souverain inca du royaume de Cuzco. Son existence est semi-légendaire, comme celle des sept premiers rois incas. Son nom, Lloque, vient peut-être du quechua lluq’i ː « gaucher ».

Maita-Ccapac Inca IV

Maïta Ccapac est le quatrième Inca du royaume de Cuzco. Il est considéré comme le réformateur du calendrier. Il fut un grand guerrier, et conquis de nombreux territoires jusqu’aux lacs Titicaca, Arequipa et Potosi, quand le royaume se limitait alors à la seule vallée de Cuzco.

Ccapac-Yupanqui Inca V

Capac Yupanqui est le cinquième inca (vers 1320 – 1350) du royaume de Cuzco. Il est le dernier souverain de la dynastie des Hurin Cuzco.

À son arrivée au pouvoir, il reprendre l’expédition dans le Kunti Suyu, qui avait été interrompue par la mort de son oncle. Cette marque de déférence a contribué à augmenter le prestige des incas auprès des autres peuples de la région.

Capac Yupanqui conquit par la suite les populations du Cuyoyanca (à 22 km de Cuzco). Pour gouverner ce territoire, il nomma son cousin Tarco Huaman comme tucricu (gouverneur), avec pour charge de remettre chaque année mille cages d’oiseaux de la selva et de la puna. Ces oiseaux étaient utilisés dans les cérémonies et les rituels, et leurs plumes multicolores servaient à la confection des habits du monarque. C’est sans doute pourquoi ce Sapa Inca est souvent représenté avec un oiseau (comme sur son portrait tardif conservé au Brooklyn Museum, ci-dessus).

Inca Roca VI, détail du frontispice de la cinquième décennie de L’Jistoria general de los hechos de los castellanos en las Islas y Tierra Firme del mar Océano que llaman Indias Occidentales par Antonio de Herrera (1549 – 1625)

Inca-Roca Inca VI.

Inca Roca est le sixième souverain du royaume de Cuzco. Il est le premier souverain à incorporer le terme d’Inca à son nom de règne.

Il est connu pour diriger des expéditions militaires dans la vallée de Cuzco, celle du Río Urubamba, qui deviendra la Vallée sacrée des Incas. Celles-ci aboutissent à l’incorporation dans le jeune royaume inca du Cuzco d’une dizaine de villages proches. C’est le début de l’expansion inca qui engendrera le plus grand empire et la plus remarquable entité administrative des Amériques précolombiennes.

Il reste des vestiges conséquents du palais impérial d’Inca Roca (aujourd’hui ː Musée de l’art religieux du palais archiépiscopal).

Inca Roca aurait été le fondateur du Yachahuasi, cette école où les enfants de la noblesse de sang royal apprenaient le Runa Simi (la langue quechua), l’histoire et la religion de la dynastie, les sciences dont les mathématiques, et l’art des quipus. Il aurait aussi été l’initiateur d’un nouveau système d’irrigation pour la ville du Cuzco.

Inca-Yupanqui Inca X

Tupac Yupanqui (du quechua Tupaq Inka Yupanki) né vers 1441 et mort vers 1493, est empereur de l’Empire inca de 1471 à sa mort.

Il est nommé héritier du trône vers l’âge de quinze ans. Durant le règne de son père, c’est un grand général qui, par ses conquêtes, permet à l’Empire inca d’atteindre son maximum d’extension. Au nord, il soumet les Cañaris pour étendre sa domination sur la presque totalité de l’actuel Équateur ; le royaume des Chimus tombe entre ses mains et avec lui, toute la côte jusqu’à Lima. Au sud, malgré la résistance des guerriers Araucans, Túpac Yupanqui repousse les frontières de l’Empire jusqu’au río Maule, au cœur de l’actuel territoire chilien.

En 1471, Tupac Yupanqui revient à Cuzco et monte sur le trône que son père vieillissant lui lègue. Il se lance dans de grandes campagnes terrestres et même maritimes, et donne au territoire inca et sa plus fulgurante et sa plus grande extension. Il aurait aussi réalisé une expédition d’envergure dans le Pacifique. En effet, les deux îles abordées par Tupac seraient les deux îles les plus proches du continent sud-américain, Mangareva, l’île principale de l’archipel des Gambier, et l’île de Pâques.

Tupac Yupanqui dote ses États d’une solide administration, d’un réseau routier très développé qui franchit des cols élevés, reliant les différentes provinces et permettant une rapide transmission des ordres du pouvoir central aux nombreux fonctionnaires locaux. Sous son règne, une élite est formée dans les écoles de la capitale pour gérer l’administration. Ces « oreillards », nommés ainsi en raison des lourds anneaux qu’ils portent aux oreilles, jouissent de biens personnels assez considérables.

Pendant son règne, une prédiction, qui s’est étrangement réalisée, avait assuré que le XIIIe empereur des Incas serait le dernier. Le destin d’Atahualpa lui donna raison.

Tupac-Yupanqui Inca XI

Huayna Capac  (du quechua Wayna Qhapaq qui signifie le jeune roi, ou chef), né vers 1467 et mort vers 1527, est le troisième empereur de l’Empire inca de 1493 à sa mort.

Il consacre son règne à étendre l’Empire inca. Lui et ses armées se battent dans le nord de l’empire et envahissent l’actuel Équateur. La conquête les conduit jusqu’au sud de ce qui est aujourd’hui la Colombie.

Vers 1525, Huayna Capac se trouve sur le territoire actuel de la Colombie, lorsqu’il meurt terrassé par une maladie apportée par les conquistadores espagnols au Mexique, et qui les précéda dans les Andes. Son corps fut momifié et ramené à Cuzco. Son héritier Ninan Cuyochi et des milliers de ses soldats le suivent dans la tombe, fauchés par la même maladie épidémique.

Huaina-Ccapac, Inca XII

Inti Cusi Huallpa Huascar (en quechua : Waskhar, qui signifie Fils de la joie), né vers 1491 et mort assassiné vers 1533, est le quatrième empereur de l’Empire inca de 1527 à 1532.

Il est souverain du Cuzco à l’arrivée des Espagnols au Pérou, en 1532. Lors de la guerre civile qui l’oppose à son demi-frère Atahualpa, il est vaincu et perd le trône. Après les débuts de la conquête espagnole, il est assassiné sous les ordres d’Atahualpa.

Il est désigné par la noblesse du Cuzco comme successeur légitime à la mort de son père, en 1527. Cette décision est contestée par la noblesse de Quito, qui lui préfère son demi-frère Atahualpa. Il s’ensuit un partage de l’Empire entre les deux clans. Au statu quo succède une guerre civile qui finit avec la prise du Cuzco par les quinétines. Huascar est capturé et jeté en prison, son clan est poursuivi et massacré.

En 1532, alors qu’Atahualpa est séquestré par les Espagnols, ce dernier commande l’assassinat de son demi-frère pour s’assurer de sa victoire. Cet acte renforce les dissensions et la rancœur entre quiténiens et Cuzquéniens, et facilite ainsi l’enracinement du pouvoir espagnol dans un pays divisé.

Huascar Inca XIII

Atahualpa (en quechua, le mot vient d’Ataw-wallpa, ce qui signifie l’oiseau de la fortune), né vers 1500 et mort le 26 juillet 1533, est le dernier empereur de l’Empire inca indépendant. D’abord implanté dans la partie nord du royaume, dont les principales villes Quito et Tomebamba, il s’empare du trône impérial de Cuzco après sa victoire lors de la guerre fratricide qui l’oppose à son demi-frère Huascar. Sa victoire coïncide avec l’arrivée au Pérou des conquistadors espagnols.

En route pour Cuzco pour être couronné, Atahualpa reçoit la visite d’une expédition espagnole sous le commandement de Francesco Pizarro. Par la suite, Pizarro le capture au moyen d’une ruse. Atahualpa offre de payer une énorme rançon en échange de sa liberté. Pizarro accepte son offre mais les espagnols, craignant une attaque indigène, décident de se débarrasser de l’empereur. Après avoir reçu la rançon, les espagnols l’accusent de trahison, de complot contre la couronne espagnole et d’être à l’origine de l’assassinat de son frère Huascar. L’empereur est condamné à mort et exécuté par étranglement.

Bien qu’Atahualpa n’ait pas pu être reconnu par la noblesse de Cuzco, il est considéré comme le dernier empereur inca.

Francisco Pizarro

Né en Espagne le 16 mars 1475 et assassiné à Lima le 26 juin 1541, il est un conquistador espagnol. Il conquit l’Empire inca et fut gouverneur de l’actuel Pérou.

Il fait la campagne d’Italie, puis gagne l’Amérique en 1502. Nommé lieutenant d’Alonso de Ojeda, il accompagne Vasco Núñez de Balboa dans l’expédition qui atteint l’océan Pacifique en 1513.

Fin janvier 1531, l’expédition part pour le Pérou. Arrivé à Tumbes, Pizarro est informé qu’une guerre civile divise l’empire inca : depuis la mort de Huayna Capac en 1529, ses deux fils Huáscar et Atahualpa s’affrontent à mort pour prendre le pouvoir. À Cajamarca, il envoie des émissaires auprès d’Atahualpa pour lui proposer une entrevue. Le 16 novembre 1532, en digne émule d’Hernán Cortés alors que l’entrevue aurait dû se faire sans armes, Pizarro prend le chef inca par surprise et au prix d’un grand massacre, le fait prisonnier.

L’Inca livre à Pizarro six tonnes d’or, mais contrairement à la promesse qui lui a été faite, il ne retrouve pas la liberté. Pour éviter un soulèvement, Pizarro le fait exécuter après un procès expéditif et proclame nouvel Inca Topa Hualpa, frère cadet d’Huáscar et d’Atahualpa, mais celui-ci meurt du choléra en 1533. Son frère Manco Inca lui succède et Pizarro fait son entrée dans Cuzco en 1534. Il met à sac cette cité inca, où s’élève encore aujourd’hui l’église de Santo Domingo, construite sur les fondations de granite qui étaient autrefois celles du Temple du Soleil.

En août 1532, Pizarro fonde la première ville espagnole de San Miguel de Piura, puis le 6 janvier 1535 Ciudad de los Reyes, qui deviendra Lima.

Entre Pizarro et Almagro rien ne va plus, la propriété de l’opulente ville de Cuzco est un sujet de discorde et le motif des premières escarmouches entre pizarristes et almagristes, jusqu’à ce que Pizarro persuade Almagro d’entreprendre une expédition pour la conquête du Chili (1535-1536). En 1536, les abus des frères de Pizarro allument une révolte à travers tout le pays, Lima et Cuzco sont assiégées. C’est le moment où Almagro, déçu de son expédition, décide de rentrer en triomphe à Cuzco où il fait prisonnier Hernando.

À Lima, Pizarro repousse l’assaut des Indiens. Réclamant la souveraineté sur Cuzco, il obtient la libération de son frère. En avril 1538, ce dernier bat Almagro dans la bataille de las Salinas, le capture et le fait exécuter. Maître de Cuzco, Pizarro fait de son domaine le centre de l’expansion coloniale espagnole. Il procède à la distribution des terres et des mines et fonde de nouvelles villes.

Cependant, Manco Inca continue de résister face aux Espagnols. Les almagristes précipitent la conspiration contre Pizarro et, le 26 juin 1541, donnent l’assaut au palais, où ils mettent à mort Pizarro et proclament Almagro le Jeune gouverneur. Celui-ci est lui-même arrêté et décapité par Vaca de Castro, qui prend la succession de Francisco Pizarro.