Charles Willson PEALE (Saint Paulo Parish 1741 - Philadelphie 1827)

Portrait de George Washington, 1782

N° 26

Toile

102 x 124 cm

Prix de vente

4 400 000 €

Date et lieu de vente

09 juin 2002

Fiche descriptive

Provenance:

Ancienne collection du maréchal de Rochambeau ;

Paris, collection particulière.

Exposition:

The Dye is Now Cast: The Road to American Independence, 1774 – 1776, Washington, National Portrait Gallery, 1975, n°96, reproduit.

Bibliographie:

– Ch. Coleman Sellers, Portraits by Charles Willson Peale, Washington, 1952, n°919 ;

– Ch. Coleman Sellers, Charles Willson Peale, a biography, 1979, reproduit pl. IV.

Général et homme d’État, George Washington (1732-1799) est issu d’une riche famille de propriétaires de Virginie. Il débute dans la carrière militaire et politique en portant aux Français de Fort Leboeuf l’ultimatum leur enjoignant de quitter les lieux. En 1754, il est nommé lieutenant-colonel et rapidement il prend la tête de la rébellion contre l’Angleterre. Il est envoyé alors par la Convention de Virginie au 2ème Congrès de Philadelphie (1774-1775), où il représente la tendance la plus avancée des « Fils de la Liberté ». Il prend position en faveur de l’indépendance qui est proclamée le 4 juillet 1776.

Devenu commandant en chef de l’armée en 1775, il participe à toutes les batailles de la guerre d’Indépendance et défend le principe d’une alliance avec la France, conclue finalement en février 1778. En 1781, il organise avec Rochambeau, l’expédition de Virginie qui devait conduire à la capitulation anglaise de Yorktown et sonner la fin de la guerre.

Bien qu’ayant souhaité dans un premier temps se mettre en marge de la vie politique, il signe la Constitution et est élu deux fois à la présidence, en 1787 et en 1792. En 1796 dans un climat houleux, il se retire définitivement sur ses terres où il meurt en 1799.

Considéré comme le père de la nation américaine, il a laissé l’image d’un fondateur d’empire, d’un grand soldat et citoyen.

Notre tableau est une reprise du portrait de 1779 conservé au Pennsylvania Museum of Fine Arts de Philadelphie. En janvier 1779, le Conseil Suprême Exécutif a voté une résolution visant à faire exécuter l’effigie du général Washington, premier parmi les citoyens, sous une forme peinte ou sculptée. Cette volonté obéissait à plusieurs objectifs. Il s’agissait dans un premier temps d’honorer la personne de George Washington, de célébrer une grande figure nationale. D’autre part, nous pouvons y voir également une fin de « propagande ». Pour le nouvel état il était important de signaler aux monarchies européennes, par ce canal commémoratif, la victoire sur les Anglais, l’indépendance, la naissance des États-Unis d’Amérique. Il apparaît donc comme évident que le portrait de 1779, « prototype » de toute une série, est destinée dès le début par l’origine même de la commande à être largement repris et diffusé. Dans un autre registre, outre le fait qu’il marque le point culminant de la carrière de peintre de Charles Willson Peale, il occupe une place marquante dans l’histoire de l’art des États-Unis. En effet, il s’agit là du premier tableau de l’École américaine à être envoyé en Europe, qui plus est vers des destinations aussi prestigieuses et importantes sur le plan politique que les cours royales. Le succès est immédiat. Les archives personnelles du peintre nous apprennent que dès 1779, il doit faire face à d’importantes commandes tant officielles que privées. Des répliques sont exécutées pour les représentants américains en Hollande et en Espagne, pour l’ambassadeur de France Gérard, et cinq portraits sont demandés par le même gentilhomme cubain, Juan de Mirailles.

Il est important de pouvoir rappeler le portrait de 1779 dont les détails constituent une sorte de fil conducteur à travers les autres versions et nous permettent de faire un rapprochement avec notre portrait de 1782.

Ainsi qu’il sied à une image officielle, et là nous pouvons trouver une analogie avec les portraits royaux conventionnels de l’époque, George Washington, homme public, y est présenté en pied. Bien que la pose soit formelle, l’attitude reste naturelle et semble correspondre à l’image décrite par ses contemporains. George Washington, dans son uniforme de Commandant en chef des armées, semble pris sur le vif quelques instants après la bataille de Princeton, une main posée sur un canon. Un deuxième canon rappelle que la bataille de Trenton a eu lieu simultanément. Charles Willson Peale accumule les détails à connotation symbolique ce qui confère également au portrait une grande richesse anecdotique. L’emblème britannique gît à gauche et le drapeau militaire allemand, prise de guerre, à droite. Derrière le général, on aperçoit son cheval tenu en bride par un soldat ainsi que des baïonnettes suggérant que Washington se tient prêt dans l’hypothèse d’une reprise des combats. Le paysage est une vue de Princeton, où l’on entrevoie également une file de prisonniers.