École FRANÇAISE vers 1730
Portrait d’un flûtiste dans son cabinet de travail
Toile
80 x 64 cm
Dans un cadre en chêne sculpté et doré à décor de coquilles dans les angles avec des enroulements de queues de cochons et des chimères, travail français vers 1710
Prix de vente
Date et lieu de vente
Fiche descriptive
Provenance :
Collection Sargus, Château de Bussy – Rabutin
en 1854 ; Vente anonyme, Paris, Galerie Georges Petit, 30 mai 1924, (Mes Lair – Dubreuil et Baudoin), n°56, reproduit (Attribué à Louis Tocqué) ;
Resté depuis dans la famille.
Bibliographie :
F. de Sargus, Notice historique et descriptive sur le château de de Bussy – Rabutin, Dijon, 1854, n° 9, pp. 86 – 87 ;
G. Eyriès, Les châteaux historiques de la France, tome II, Paris – Poitiers, 1879, (Bussy-Rabutin), pp. 87 – 88, reproduit pl. XLVII ;
J. Ecorcheville, « Deux portraits de Couperin » Bulletin de la Société de l’Histoire de l’Art français, Paris, 1907, pp. 76 – 79, reproduit p. 76.
Remarquable par sa force plastique et la beauté de son coloris, notre tableau, peint dans les années 1730-1735, est une rareté dans la peinture européenne. Le cadrage est légèrement resserré et le modèle est représenté ni tout à fait assis,
ni tout à fait debout dans sa bibliothèque près d’un globe terrestre aux armes de France tenant sa flûte avec, devant lui, sa partition. La texture presque translucide de la perruque, la qualité picturale des drapés blancs et des fourrures de lynx, les brocards dorés et la finesse des dentelles ne nous renseignent malheureusement pas ni sur l’identité du modèle, ni même sur sa nationalité.
Ses sourcils marqués, son nez frémissant et son air malicieux accompagnent la mouche fortement imprimée sur sa joue droite. L’identité est depuis longtemps discutée : Sargus, propriétaire du château de Bussy-Rabutin y voyait un portrait de Couperin. Le tableau est reproduit dans le livre d’Eyriès comme un portrait de Michel de la Barre célèbre flûtiste de la fin du règne de Louis XIV ; on y a aussi vu un portrait de Hotteterre, le rival de de la Barre. Aucune de ces hypothèses
n’est vraiment crédible, le modèle est-il flûtiste ou simplement amateur de flûte ? « Le modèle de flûte traversière correspond parfaitement aux instruments à trois corps et à viroles d’ivoire, à une clef d’argent, tels que la dynastie des
Hotteterre et quelques autres facteurs en ont construit entre 1680 et 1715 » (Florence Getreau, communication écrite, 21 mars 2022). Le tableau ne pouvant être peint avant 1730, ce modèle de flûte est légèrement dépassé mais la position de jeu est très bien observée. Le nom du peintre pose lui aussi problème et
même sa nationalité. Est-il français ou italien ? Le globe aux armes de France fait plutôt penser à un français mais le cadrage et la force du coloris s’éloignent radicalement de l’art de Largillierre et de Rigaud. L’hypothèse d’un français en Italie doit être envisagée. On peut penser à Louis-Gabriel Blanchet mais son art semble plus rustique. On peut penser surtout à une oeuvre de jeunesse de Subleyras peinte à Rome au début de l’arrivée de l’artiste dans la ville éternelle. L’intelligence du portrait renvoie plutôt à un peintre d’histoire, s’adonnant très provisoirement au genre du portrait.